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C'EST GRAVE DOCTEUR ?



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A première vue, s’ennuyer paraît bénin. Mais en y regardant de plus près, les répercussions sur la santé ne sont pas négligeables. Plusieurs conséquences peuvent se multiplier et s’avérer dangereuses : crises d'épilepsie, vertiges, tremblements ou encore pertes de mémoire… Le bore-out est même considéré par certains spécialistes comme étant pire que son illustre cousin, le burn-out.


The American Journal of Epidemiology of Oxford, qui s’est penché sur la question, a révélé que ce syndrome multiplierait par trois le risque de maladies cardio-vasculaires mais aussi de cancers pour les personnes victimes d’un bore-out. De plus, il serait source de dépression, de fatigue importante et de perte considérable d'estime de soi. Une vraie pathologie à ne pas prendre à la légère, qui touche ceux qui n'ont pas assez de travail... ou un travail peu intéressant.

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Les personnes atteintes d’un bore-out adoptent plusieurs stratégies au travail pour contrer l’ennui. La première consiste à adapter directement le volume travail/temps ou les faire coïncider en jouant sur le rythme du travail, de façon à remplir le temps de présence au travail. 

 

Parmi ces stratégies, la plus commune est celle de l'étirement des tâches, qui consiste à les faire durer beaucoup plus de temps que nécessaire. Par exemple, si la seule tâche donnée pour une semaine est la rédaction d'un rapport prenant normalement trois jours, l'employé étirera ces trois journées de travail sur la semaine entière. Certains employés rédigeront leur rapport dans les trois premiers jours, puis passeront les jours restants à naviguer sur l'Internet, à préparer leurs vacances, à acheter en ligne, à envoyer des mails personnels ou encore à consulter leurs réseaux sociaux.

 

Le tout en s'assurant que leur poste informatique de travail donne toutes les apparences d'une activité intense (fichiers professionnels prêts à être affichés à l'écran). D'autres employés fragmentent leur temps de travail sur la semaine entière, se ménageant de multiples pauses pour fumer une cigarette, boire un café, bavarder avec des collègues.

 

Autre option, la stratégie du pseudo-investissement, qui consiste à simuler l'engagement professionnel en étant présent  à son bureau, parfois même après les horaires de travail en faisant des heures supplémentaires. Ainsi, des employés démotivés peuvent, pour prouver leur investissement, prendre leur repas de midi au bureau pour donner l'impression qu'ils travaillent en continu dans la journée, alors qu' en réalité ils s'occupent de leur vie personnelle ou lisent des magazines. Un employé qui consacre l'après-midi à passer des appels téléphoniques personnels peut aisément parvenir à le masquer par des dialogues au ton professionnel et sérieux.

 

En dernier recours, les personnes qui s'ennuient passent leur temps en s'évadant par la pensée, en rêvassant dans l’attente des prochaines vacances. Ces personnes font leur possible pour s’occuper tout en veillant à ce que leurs supérieurs ne se doutent de rien.

AU TRAVAIL, COMMENT COMBLER L’INACTIVITÉ ?

LES SYMPTÔMES 

ProTélémarketing Avignon

 

Etre confronté à l’ennui tout en travaillant, ce problème touche plus particulièrement des salariés qui effectuent des tâches répétitives au fil de la journée. Ces employés qui s’ennuient sont totalement désinvestis. 

De ce fait, une des conséquences directes est l’impact direct sur leur productivité et donc sur celle de l’entreprise.

En plus des répercutions économiques, les personnes sont les premiers à souffrir de cette situation.

 

À Avignon, les salariés de ProTélérmaketing travaillent en open space, 8 heures par jour.

Leur mission : démarcher les clients de diverses banques dans l’optique de leur vendre un magazine. Des numéros aléatoires qui défilent sur leurs écrans d’ordinateur, un pitch impersonnel appris par cœur et bien rodé, et être confrontés à des clients pas toujours réceptifs.

Autant de tâches répétitives qui poussent les salariés à trouver des parades pour combler leur ennui.

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" Laura, 24 ans, téléconseillère depuis 1 an"

"Abou, 29 ans, téléconseiller depuis 4 ans"

"Clémence, 32 ans téléconseillère  depuis 3 mois"

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NÉFASTE POUR L'ENTREPRISE ?



Dans différents secteurs et dans différents milieux, le bore-out est un phénomène beaucoup plus courant qu’il n’y paraît. Si l'ennui excessif au travail a un impact direct sur les individus, il a également un impact sur le bon fonctionnement social et économique de l’entreprise. 


Au sein d’une entreprise, l’esprit d’équipe et la collaboration sont des éléments majeurs à son bon fonctionnement. 

Dans les entreprises où l’on retrouve des cas de placardisation ou de bore-out, la différence est très nette. Dans plus de 80% des entreprises où l’ambiance de travail n’est pas agréable, près de 35% des salariés estiment être dans une situation  d’ennui chronique. Cet ennui se manifeste généralement sous plusieurs formes qui peuvent avoir des impacts variés sur les entreprises.


Dans le cas où l’ennui est dû à une surqualification, le salarié reste alors très productif et l’entreprise ne note aucune diminution de la production. Le problème apparaît seulement lorsque la tâche du salarié est terminée.


Dans un autre cas, les salariés n’éprouvent plus aucun intérêt pour leur travail. Ce cas de figure est, pour Jean-Claude Delgénes, fondateur de Technologia, cabinet d’évaluation et de prévention des risques professionnels, le plus difficile à supporter et celui qui mène le plus souvent à une forme avancée du bore-out. Pour les entreprises elle serait également la forme la plus coûteuse du bore-out. Pour cause, l'individu touché est régulièrement en arrêt maladie. Lui qui a été formé et qui touche un salaire, se retrouve incapable de travailler et pire, il se déshabitue du travail.

Un phénomène qui se retrouve également chez les personnes mises au placard par leur entreprise. 

Généralement des cadres en fin de carrière, ils sont mis au ban de leur entreprise, n’ont le droit de prendre aucune décision et ne sont plus inclus dans les projets de la société. Si le nombre de placardisés est difficilement dénombrable, l’Institut du salarié, qui travaille depuis plus de 20 ans avec des travailleurs de tous secteurs, a vu une augmentation considérable du nombre de salariés placardisés qui font appel à eux. Pour les entreprises, les pertes financières sont importantes. Il s’agit en majorité d’un poste de cadre qu’il faut payer en conséquence et qui ne fournit aucun travail rentable. Néanmoins, en matière de productivité, l’impact est moindre puisque l’entreprise qui choisit de mettre un salarié au placard ne compte généralement pas sur ses capacités pour faire évoluer l’entreprise. 

Les secteurs les plus touchés par ces trois formes de bore-out (placardisation, surqualification et ennui chronique dû à un manque de motivation) seraient d’après Jean-Claude Delgénes, le secteur tertiaire et la fonction publique. Les fonctionnaires seraient ceux qui souffriraient le plus de placardisation, mais c’est dans le secteur tertiaire que le nombre de surqualification est le plus important. Si les répercussions économiques sont importantes, ces situations restent plus « avantageuses » pour les entreprises puisque  « placardiser » un salarié coûte toujours moins cher que de le licencier. 


Pour combler ces coûts et diminuer ce phénomène certaines entreprises ont mis en place de nouveau système de management. C’est le cas de Google mais également de nombreuses autres entreprises . 








Psychologue du travail, Dominique Lhuilier est aussi professeure en psychologie du travail au CNAM et auteure d’un ouvrage sur la placardisation : Placardisés, des exclus dans l’entreprise.

François Baumann Auteur de Le bore-out, quand l’ennui au travail rend malade, François Baumann est l’un des premiers chercheurs sur le bore-out en France.

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INTERVENANTS

Christian Bourion est le premier Français à avoir théorisé le bore-out. Ce professeur a écrit un livre sur ce sujet : Le bore-out syndrome, quand l’ennui au travail rend fou.

 

Christian Bourion

 

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